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Résultats préliminaires de l’enquête diffusée aux acteurs de la gérontologie

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Quelles difficultés pour les acteurs de la gérontologie
pendant le confinement ?

  • Des événements et des situations marquantes pour de nombreux acteurs de la gérontologie.
  • Des signes de dépression, d’anxiété et des troubles du sommeil souvent présents, liés à la difficulté à faire face à la menace et aux émotions associées.

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Résultats préliminaires de l’enquête
diffusée aux acteurs de la gérontologie

Quelles difficultés pour les acteurs de la gérontologie
pendant le confinement

A la fin du mois de mai dernier, nous vous avons interrogés sur les situations que vous avez rencontrées en accompagnant les personnes âgées durant le confinement, ainsi que sur vos ressentis individuels. Nous tenons à remercier toutes celles et ceux qui ont participé et vous présentons aujourd’hui les résultats préliminaires de cette enquête.

Les réponses ont été collectées entre le 26 mai et le 8 juillet 2020, soit durant une période qui se situait environ deux semaines après la levée du confinement pour la population générale et trois semaines après la fin demandée par le ministère de la Santé des mesures de confinement dans les établissements qui accueillent des personnes âgées.

696 acteurs de la gérontologie en Auvergne Rhône Alpes ont répondu à l’ensemble des questions posées. L’âge moyen des répondants était de 43,3 ans (entre 20 et 93 ans). Il s’agissait très majoritairement de femmes (624). Parmi ces acteurs on retrouvait 121 infirmier.e.s, 114 personnels administratifs, 95 psychologues, 81 aides soignant.e.s, 77 auxiliaires de vie, 50 professionnel.le.s de la rééducation, 46 responsables de service ou d’établissement, 38 travailleur.euse.s sociaux.ales, 33 médecins et 23 animateurs.rices. Ils exerçaient leurs fonctions dans des EHPAD (302), des services d’aide à domicile (156), des services hospitaliers (112), des services administratifs ou sociaux (48), des services de soin à domicile (44) et des EHPA (20).

Les participants rapportent très fréquemment la présence de troubles de l’humeur (anxiété et dépression), des troubles du sommeil et dans une moindre mesure des réactions émotionnelles qui témoignent du stress vécu par une large part d’entre eux (figure 1).

306 acteurs de la gérontologie ont indiqué avoir été confrontés à des événements particulièrement marquants. Les événements les plus marquants concernaient leur isolement et celui des personnes âgées, les difficultés relationnelles qui s’en sont suivies avec certains proches, les modifications souvent très importantes des conditions dans lesquelles ils ont dû exercer leurs fonctions, la récurrence des décès dans certaines structures (avec toutes les conséquences sur l’accompagnement à la fin de vie et au deuil qui l’ont accompagnée) et les réactions comportementales difficiles de certaines personnes âgées, notamment lorsqu’elles étaient affectées de troubles neurodégénératifs (figure 2).

Pour identifier les facteurs qui permettent d’expliquer les difficultés psychiques des acteurs de la gérontologie à la suite de la période de confinement, deux modèles statistiques ont été testés. Le premier a évalué l’influence des événements vécus et des réactions d’adaptation sur le niveau de détresse psychique. Le second s’est intéressé à l’influence des modifications du fonctionnement en milieu professionnel (associées au confinement) et des réactions d’adaptation sur le niveau de détresse psychique. Chaque modèle a permis de mettre en évidence trois effets cumulatifs :

  • des situations vécues,
  • des modes d’adaptation individuels,
  • d’une éventuelle consommation de substance (médicament, alcool… chez 30,6% des participants).

Un premier modèle met en évidence qu’en premier lieu l’importance des événements vécus, puis l’importance de la perception de ce qui était une menace vitale pour ces acteurs et/ou pour les personnes âgées et des émotions dérangeantes (qui sont dites dysphoriques), ainsi que la fréquence de la consommation d’une substance permettent d’expliquer le niveau de détresse psychique.

Un second modèle montre pour sa part que l’importance des modifications des conditions de travail associées à la crise sanitaire, l’importance des émotions dérangeantes et la fréquence de la consommation d’une substance expliquent cette détresse. Dans ce dernier cas, le niveau de créativité dont ont pu faire preuve es acteurs de la gérontologie a également paru permettre diminuer les difficultés psychologiques.

Ces résultats ne sont pas encore consolidés et doivent encore être confirmés et approfondis. Nous vous remercions d’avoir été si nombreux à prendre le temps de répondre à ces questions et comptons sur vous pour nous permettre d’avancer encore ensemble dans une réflexion partagée sur ce que sont les métiers de la gérontologie, dans cette période si particulière.

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L’enquête a été menée du 26 mai au 8 juillet 2020 sous la forme d’un questionnaire transmis par internet. Elle a été menée sous la direction scientifique d’Emmanuel Monfort, maître de conférences en psychologie à l’Université Grenoble Alpes. Nous remercions particulièrement la CARSAT Rhône Alpes et le département de l’Isère pour l’aide qu’ils ont apportée à sa diffusion.